A Propos

 

Historique

Autodidacte, j’ai travaillé plus de 20 ans comme illustratrice naturaliste, auprès d’institutionnels œuvrant à la préservation de l’environnement.

En 2017, le désir de me libérer des contraintes de la figuration conjoint à des opportunités de formations pour les artistes-auteurs m’ont menée, à intégrer un premier stage d’initiation à la gravure et impression taille douce; ça a été un coup de foudre, j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé une piste à suivre ; J’avais une image obsolète de la gravure, une image de cathédrales et de portraits obscurs… J’ai découvert l’incroyable vivacité et force de l’estampe contemporaine; Depuis, je m’y consacre quasi exclusivement. D’autres stages ont suivi.

J’ai découvert le burin, mon outil de prédilection, à travers le travail d’Akira Abe. J’ai été happée par ce mélange de force, précision et subtilité. Lorsque j’ai compris que la pureté de ce trait là était liée à l’outil (et à la « oh combien » maitrise d’A.Abe), je suis allée à l’atelier Contrepoint où il a longtemps travaillé avant son retour au Japon, afin de voir d’autres œuvres de l’artiste ; j’en suis repartie avec une adresse où me procurer des lames de burin et j’ai commencé à travailler… L’année d’après, j’ai suivi 5 jours de formation auprès de la buriniste de renom Catherine Gillet, une semaine qui m’a permis de lever certaines difficultés (Particulièrement l’affutage ; LE point à régler, je crois, pour avoir un exercice apaisé du burin).

Et puis, bien entendu, une pratique quasi quotidienne.

 

Argument

L’abstraction et le noir et blanc, dans lesquels s’ancre mon travail depuis quelques années, sont pour moi une écriture et un langage qui me permettent de m’approcher de ces zones sensibles de l’intime, des fragilités et des forces qui nous habitent.

La gravure est aussi un intermédiaire et une protection : par la distance et le long processus de maturation entre dessin, objet gravé et estampe soumise au regard s’ouvre à moi la possibilité de dire comme à voix basse, d’effleurer, de laisser percevoir.

Face à mon travail, on me parle souvent de chaos minéral ou d’océan tempétueux, j’aime à croire qu’il s’agit aussi de questionnements et de cheminements intérieurs, de leur traduction formelle.

Je travaille à rendre palpable cette dualité entre l’harmonie et l’équilibre apparent et ce que l’on décèle en s’approchant : Ce qui bouleverse, les failles, les éclats, les accidents, les doutes, les silences, les violences…

Comme on s’approche de l’autre, de soi.

Il n’y a pas de ligne droite dans mon travail ; toujours une courbe, une inflexion et toujours mes gravures sont accrochées au moins à l’un des bords ; Un ancrage solide dont j’ai besoin.

J’aspire à une expression qui s’épure, qui s’apaise ; et c’est un long voyage.

 

Process

Le burin est un outil austère, quasi ascétique ; Il me parle de force retenue, d’énergie et de délicatesse.

Au préalable, il y a le dessin. Réalisé a même la matrice dans un moment très intense et physique, où Il s’agit de rythme, d’énergie, qui s’apparente, je crois, à une musicalité.

Un temps de décantation de quelques jours me permet ensuite de confirmer ou non si l’intuition du dessin était juste et non le fruit d’un enthousiasme éphémère. Si la structure, la composition générale et quelques détails sont toujours en accord avec cette sensation de justesse, si reste présent le sentiment de dire quelque chose qui « sonde », quelque chose que je peux partager, alors je garde ce dessin sur lequel je peux construire ;

Le travail de gravure commence. A la loupe, le cuivre posé sur un coussin de cuir, au fil des semaines, sous un burin affuté plusieurs fois par jour, certaines parties disparaissent, d’autres évoluent mais la structure initiale demeure ; il est primordial de garder la musicalité du départ.

Après une ou deux épreuves d’état, j’imprime à l’atelier ; Ma première presse est une Richebé de passage 56 cm, qui m’a suivie de Paris ; récemment nous a rejoint Une V.Moreau de 80cm qui m’entraine vers de plus grands formats.

 

Projections

J’aspire à une expression de plus en plus épurée dans sa traduction formelle.

Et si je souhaite poursuivre ce sillon ouvert au fil du burin, il m’importe également de faire l’expérience des possibles : Explorer d’autres voies, d’autres techniques pour d’autres vocabulaires.

User pleinement du grand privilège que nous avons de pouvoir tenter, essayer, jouir de notre liberté de création et travailler librement sans se laisser enfermer par une technique ou ce que je crois que l’on attend de moi.